Une histoire de l’abbaye Notre-Dame de Buzay
Débutons par le Moyen Âge, période de création de l’abbaye de Buzay :
La duchesse Ermengarde d’Anjou, mère de Conan III, duc de Bretagne de 1112 à 1148, était très pieuse.
Apprenant que Saint Bernard de Clairvaux cherchait un endroit pour installer un monastère, elle demanda à son fils de faire don de ses terres marécageuses de l’île de Buzay en faveur des moines de l’ordre de Cîteaux.
C’est en juin 1135 que fut fondée l’abbaye Notre-Dame-de-Buzay. Une première communauté d’une dizaine de moines s’installe dans cette nouvelle abbaye.
Cependant, lors de sa nouvelle visite, quelques années plus tard, Bernard de Clairvaux est mécontent de ne pas trouver les bâtiments du site dans l’état dans lequel Conan III avait promis de les mettre, constatant que ses moines habitaient des bâtiments insalubres. De plus, le duc de Bretagne avait même retiré une partie des droits accordés à la nouvelle abbaye.
Il ordonna à ses religieux d’abandonner les lieux pour retourner à Clairvaux, si le duc de Bretagne ne s’exécutait pas. Conan, confus, s’empressa de faire amende honorable en donnant plus que la première fois (deuxième charte de fondation rédigée vers 1143).
Les prairies étaient fertiles et les moines s’enrichirent très vite. Les concessions initiales furent confirmées par les ducs et les rois. Les biens augmentèrent considérablement soit par des dons, soit par le biais d’acquisitions faites par la communauté religieuse. Ainsi, l’abbaye de Buzay devint la plus fortunée de Bretagne et l’une des dix abbayes les plus riches de France.
Les moines de Buzay possédaient beaucoup de terres en Pays de Retz. Ils ont ainsi joué un rôle majeur dans le développement économique de la région.
Toutefois, la guerre de succession de Bretagne et la guerre de Cent Ans furent néfastes aux échanges de l’abbaye. Elle dût vendre des parcelles de terres aux seigneurs. Elle aurait été endommagée en 1373.
L’abbaye de Buzay passe en commende en 1474 (aux premiers siècles de l’Église, le régime de la « commende » (du latin in commendam, provisoire) s’applique aux abbayes et évêchés vacants à la tête desquels le pape nomme à titre provisoire un évêque ou un abbé qui a été privé de son siège par des envahisseurs).
Période moderne
L’abbaye de Buzay fut reconstruite en 1755.
C’est d’ailleurs au cours de ce XVIIIème siècle, qu’elle connut une grande période de prospérité en faisant appel à un ingénieur, formé dans le marais poitevin, pour poldériser les marais. C’est à cette époque que fut creusé le canal de Buzay (entre 1720 et 1775), pour faciliter la navigation entre la Loire et le Lac de Grandlieu, par des seigneurs locaux : les Binet de Jasson.
Comme le canal doit traverser les terres de l’abbaye de Buzay, le père abbé Lefèvre de Caumartin, donna son accord à la création de la Société du Canal de Buzay (ordonnance royale du 14 février 1713).
La richesse de cette abbaye provenait du revenu de ses métairies et de l’exploitation du sel dans la Baie de Bourgneuf.
Période révolutionnaire
Le site n’est plus entretenu au moment de la Révolution. L’abbaye devenue propriété nationale, les biens furent vendus aux enchères (jusqu’en 1805).
Le mobilier liturgique de l’abbaye de Buzay fut dispersé :
Les cloches auraient été transférées dans la cathédrale de Chartres.
Le maître-autel en marbres colorés d’Italie avait été sculpté dans la ville de Rome vers 1775. Il fut vendu aux enchères en 1792 et installé dans l’église Saint-Louis de Paimbœuf.
L’ancien autel latéral était remisé depuis la fin du XVIIIème siècle dans un hangar appartenant au diocèse. Des passionnés l’ont redécouvert et choisi pour remplacer le bloc de pierre qui tenait lieu d’autel jusqu’à l’incendie de la Basilique Saint-Donatien et Saint-Rogatien à Nantes en juin 2015 (consécration en décembre 2022).
La chaire à prêcher datait également de 1755. Elle fut achetée aux enchères en 1791 pour l’église Saint-Pierre de Bouguenais.
Les stalles ont fini dans l’église Saint-Symphorien de Couëron. Ces sièges de bois, à dossier haut, se trouvant des deux côtés du chœur, sont réservés aux membres du clergé. Sur ces stalles, les miséricordes (revers de siège) sont sculptées de personnages.
Le calice, propriété aujourd’hui de l’église Sainte-Anne de Vue, fut acquis par un ancien moine de l’Abbaye de Buzay, devenu curé de Vue.
Un crucifix se trouve dans la chapelle Sainte-Anne de Tharon-Plage à Saint-Michel-Chef-Chef. Il s’agirait du plus ancien crucifix du Pays de Retz datant du XIVème siècle.
Pendant les guerres de Vendée, les lieux sont occupés par les troupes républicaines qui leur servent de quartier général. Les Royalistes, les attaquant, vont mettre le feu aux bâtiments. Cet incendie détruira la totalité de l’abbaye.
De nos jours, il ne reste de l’abbaye de Buzay que cette tour carrée observable pour le promeneur. Il s’agit de l’ancien clocher datant de 1755, aujourd’hui mémoire de ce site disparu.
A savoir
Le site privé est non accessible. Toutefois, une visite commentée est possible au moment des Journées européennes du Patrimoine, le troisième week-en de septembre.
Période(s) | Matin | Après-midi | Jour d'ouverture | Jour de fermeture |
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