Nicolas et ses amis sur La Loire à Vélo de Nevers à Orléans

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"Lorsque le monde était fermé en mai 2021, j'avais effectué un premier périple sur La Loire à Vélo. Une superbe expérience, que je réitère un an plus tard, cette fois-ci en amont, sur un parcours moins touristique : de Nevers jusqu’à la ville de Jeanne d’Arc, la belle Orléans."

En ce dimanche 24 avril, après avoir chargé nos affaires, nous prenons tranquillement la direction de la gare de Bercy, où un train Intercités va nous emmener jusqu’à Nevers, notre point de départ. Alors, on nous bassine avec la mobilité douce, mais on sent bien que ce n’est pas dans les priorités de la SNCF que de faire une place correcte aux vélos dans leurs trains. Enfin, TER et Intercités restent moins difficiles que le TGV lorsqu’il s’agit de voyager avec son vélo.

Un dimanche à Nevers

Difficile de se faire une idée sur une ville un dimanche d’élection pluvieux. On sent quand même que Nevers a dû jouer un rôle prépondérant à une époque, avant de tomber dans un certain anonymat. L’ancienne capitale de la faïence et son cœur historique reste néanmoins une jolie découverte, et c’est aussi l’occasion de reprendre contact avec la Loire, notre compagnon de route pour la semaine. La belle se dévoile entre deux petites averses, mais nous sommes loin d’imaginer ce que nous allons prendre sur la tête le lendemain pour notre première étape.

Nous allons passer dans notre première nuit dans un lieu atypique, une ancienne abbaye bénédictine devenue la maison mère des Sœurs de la Charité. Et là, c’est la grande surprise. L’endroit, en plus de louer des chambres, est un véritable lieu de pèlerinage et d’échanges, puisque c’est avant tout le sanctuaire dans lequel repose Bernadette Soubirou. L’accueil est fait par des bénévoles.

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Le lieu coche toutes les cases : des chambres simples et bon marché, un endroit pour mettre les vélos à l’abri.

Les invités sont pour la plupart des itinérants de passage pour la nuit, comme :

-Un jeune couple de bretons qui réalise un parcours très similaire, avec leur jeune enfant, que nous allons recroiser tout au long du périple.
-Un belge d’un certain âge qui va jusqu’à Lisbonne à vélo, en n’ayant aucune idée d’où il sera le lendemain, car il laisse son GPS le guider sans avoir regardé à l’avance le trajet.
-Maria, la mystérieuse roumaine qui a dû atterrir ici au hasard de la vie, et qui s’y est visiblement établie.

Après une nuit un peu étrange dans un lieu tout aussi étrange, il est temps de prendre la route; dehors il pleut des cordes.

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De Nevers à la Charité-sur-Loire, sous la pluie : 50 km

A vélo, quand le ciel vous tombe sur la tête, il faut ranger son égo et sortir le poncho jaune fluo. Nous quittons Nevers par le sud, pour aller récupérer le canal latéral qui longe la Loire. Le canal nous guide jusqu’à la confluence avec l’Allier que nous allons traverser sur un Pont-Canal, ouvrage curieux qui, comme son nom l’indique, est à la fois un pont et un canal.

Une fois passé le Bec d’Allier (confluence Loire et Allier) qui parait-il est très beau mais que la météo nous masque, la Loire prend la direction du nord, et ce jusqu’à Orléans, notre terminus.

A la moitié de l’étape, bien que bien équipés, nous sommes trempés, mais la pluie finit par baisser d’intensité. Et c’est même sous un soleil timide, que nous arrivons triomphalement à La Charité-sur-Loire, bien affamés.

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La particularité de cette ville tourne autour du livre. Un grand libraire parisien est venu s’y installer, il y a une trentaine d’années et a créé une foire du livre; depuis d’autres ont suivi pour redonner vie à un centre historique déserté. On y trouve également des artisans d’un autre âge, des typographes, enlumineurs, calligraphes et autres relieurs…

Avec mon intérêt pour le Moyen-Age, et même si tout est fermé en ce lundi après-midi, je ne pouvais que me sentir bien dans cette petite ville. Allez, je vous donne deux adresses sur place ; d’abord notre hôtel du jour, Au Bon Laboureur, très sympa avec sa petite cour et son patron haut en couleur. Ensuite, une espèce d’ancien routier à l’entrée de la ville, Le Berry, qui propose un menu fait maison, à prix cadeau, à une clientèle mêlant habitués et itinérants.

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De La Charité-sur-Loire à Sancerre : 30 km

Nous quittons La Charité-sur-Loire avec deux bonnes nouvelles : le beau temps est revenu et ne devrait plus nous quitter, et aujourd’hui, c’est mardi nous allons enfin pouvoir trouver des endroits où nous poser. L’étape du jour est plutôt courte, nous allons suivre la Levée Napoléon jusqu’à Pouilly-sur-Loire, un autre grand nom du vin, puis longer la Loire au travers de petits chemins au milieu des prairies jusqu’au village de Sancerre.

Quand vous ferez La Loire à Vélo, vous allez emprunter beaucoup de levées. Ce sont des digues moyenâgeuses qui permettaient à l’époque de contenir la fougue du fleuve. Aux alentours de Saint-Satur, nous nous arrêtons chez un réparateur qui nous résolve une roue voilée en moins de quinze minutes. Entre-temps d’autres vélos se sont arrêtés et on est encore hors saison.

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Alors les amis, j’ai fait ce qu’il ne faut surtout pas faire : j’ai un peu arrosé le déjeuner de midi au Sancerre histoire de faire honneur au coin, aussi la côte pour monter au village, je l’ai faite en poussant le vélo. Règle d’or : pas d’alcool le midi si on doit reprendre le vélo après…

La journée n’est pas finie, notre hébergement se trouve une dizaine de kilomètres plus loin sur le canal latéral.

Nous sommes attendus au gîte de Buissonnière, vraiment sympa, sans doute la meilleure surprise du trip. Comme c’est au milieu de nulle part, la patronne fait la cuisine pour les guests, rien à redire.

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De Sancerre à Gien : 60 km

L’étape du jour débute comme souvent sur le canal, puis nous coupons à travers champs pour rejoindre la Loire, avec un petit stop dans un café sympa à Cosne-sur-Loire. A Cosnes-sur-Loire, vous pouvez faire un break au café L’Icone (sur Loire?), les deux patronnes sont plutôt rock-n-roll, et vous les retrouvez jusque sur les murs sur des photos plutôt réussies.

Après Cosne, le chemin suit une levée jusqu’à la Centrale Nucléaire de Belleville dont on est censé passer au large, mais comme nous avions prévu de déjeuner dans un bled hors du parcours officiel, nous avons finalement longé la centrale, plutôt impressionnant… Dans l’excellente guinguette de Neuvy-sur-Loire, tout le village s’est réuni pour déjeuner, car le dernier mercredi du mois, c’est tête de veau, et ici on ne rigole pas avec la tête de veau.

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La suite du parcours est assez sauvage jusqu’à la ville de Briare et son Pont-Canal unique. Comme lundi nous en avons déjà traversé un sur l’Allier, cela fait donc deux ponts-canaux uniques, et ça c’est vraiment unique.

A l’entrée du pont, vous trouverez un chocolatier, “Chocolat et Chimères“, si vous n’avez qu’un seul endroit pour faire une pause alors faites-la là, c’est magnifique.

Passé Briare, le chemin bascule sur la rive gauche, entre prairies et forêts, pour retrouver la Loire à l’entrée de Gien, étape du jour.

Une belle et longue étape que ce Sancerre – Gien, avec à l’arrivée une bonne soirée dans un restaurant où la patronne nous a particulièrement bien accueillie.

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De Gien à Sully-sur-Loire : 30 km

L’avant-dernière étape qui doit nous amener à Sully-sur-Loire s’enfonce d’abord dans les terres, avant de rejoindre une digue exposée aux vents d’ouest.

L’arrivée sur Sully est assez magique, avec son Château et ses douves. L’édifice moyenâgeux était un point de contrôle sur la Loire comme il y en avait beaucoup. Il a cependant accueilli Louis XIV enfant lorsqu’il a fui Paris pendant la Fronde.

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Bon l’histoire c’est sympa, mais ce soir il y a match de Coupe d’Europe contre Rotterdam. Quand nous entrons au pub du coin, le patron est en train d’assurer à un jeune gars un peu éméché et qui demande à voir le match que, lui vivant, on ne passera jamais l‘OM dans son établissement… On tente quand même notre chance gentiment, et le patron bascule sur le foot. Il m’a même offert une bière suite à un but gag encaissé en début de seconde mi-temps (en espérant qu’il n’ait pas trop craché dedans).

La soirée est finie, backup à l’hôtel, demain c’est la dernière étape et je pars à l’aube avant les autres, car je tiens à visiter une abbaye située à une dizaine de km de Sully.

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De Sully-sur-Loire à Orléans : 55 km

Et voilà c’est déjà la dernière étape jusqu’à la ville libérée par Jeanne d’Arc. Dès l’aube, je pars donc visiter l’abbaye de Fleury, visite que m’avait recommandé par la patronne du resto à Gien. Je suis laïc; pour moi tout cela reste avant tout du patrimoine et de l’histoire de France.

Après dix kilomètres à travers champs, on finit par tomber sur cette immense basilique au beau milieu de nulle part. L’abbaye héberge les restes de Benoit de Nursie, un moine italien qui a vécu au tout début du Moyen-Age, et qui va fonder l’ordre des Bénédictins, la Rolls des ordres monastiques (cent mille monastères dans toute l’Europe à son apogée). Les reliques sont dans la crypte, il y règne vraiment une drôle d’ambiance. On peut y méditer sur les challenges de 2022 comme la pandémie, la guerre, la fin de saison de l’OM, sans ordre de priorité.

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A l’arrière de l’édifice vous pouvez monter dans un bâtiment musé qui offre une belle vue sur toute la basilique.

J’avais donné rendez-vous à l’abbaye au reste de la troupe, et nous voilà donc parti en direction d’Orléans. Nous suivons la rive droite jusqu’à Châteauneuf-sur-Loire (clin d’œil à mon collègue Dominique qui est de là-bas), puis nous traversons pour finir le trip sur la rive gauche.

La seconde partie de l’étape est plutôt sauvage, elle ressemble un peu à l’arrivée que nous avons eue sur Angers l’an dernier. Sur la route, nous allons croiser un cycliste qui va nous raconter l’histoire de la ville, un vrai passionné. En milieu d’après-midi, nous entrons enfin libérer Orléans, sous un soleil radieux. Fin du parcours.

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Orléans dans l’histoire, c’est avant tout un grand port fluvial. Tout ce qui arrivait à Nantes depuis le nouveau monde remontait La Loire grâce au vent jusqu’à Orléans avant d’être acheminé sur Paris. Même chose pour tous les produits locaux et les vins produits en amont.

Pour moi Orléans, c’est une découverte, c’est une des rares grandes villes de la vallée de la Loire où je n’avais encore jamais mis les pieds, et j’ai été très agréablement surpris : c’est bien dans la lignée de Tours, Blois et Angers.

Le centre historique est très préservé, avec ses troquets accueillants et ses maisons à colombages. On s’y sent immédiatement bien. D’ailleurs, on est surpris par le nombre de bars et de restaurants, la concurrence doit être rude.

 

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Orléans, c’est aussi la ville qui a été libérée par Jeanne d’Arc, et ça tombe bien, car par le plus pur des hasards, nous sommes en pleine fête Johannique !

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Conclusion

« Et voilà les amis, un dernier verre dans la longue rue de Bourgogne qui est sans doute l’une des plus animées de la ville, et c’est le retour à Paris en TER.

Direction la gare d’Austerlitz, une belle balade à vélo qui se termine, mais qui en appellera certainement d’autres, peut être en Bretagne même si la liaison pour y aller et en revenir avec les vélos s’annonce des plus difficiles.

Retrouvez mes aventures sur mon blog. »